Dans sa quête du développement durable, la République Démocratique du Congo est en train de mettre en place une politique de zones économiques spéciales devant répondre aux besoins de diversification économique, de création massive d’emplois, d’attraction des investissements directs étrangers, d’attraction des nouvelles technologies, de renforcement de sa capacité d’exportation pour se procurer plus des devises, bref de développement économique. Entre temps ; le pays s’est engagé dans la COP21, avec pour intention de contribuer à la limitation des changements climatiques qui menacent l’humanité. Faudra- t-il restreindre son plan d’industrialisation pour ne pas émettre assez de gaz à effet de serre ? Faudra-t-il opté pour les pratiques de l’économie circulaire ou celle de zones économiques spéciales de réinvestissement ?
Le projet de zones économiques spéciales est peut être nouveau du point de vue conceptuelle, mais en pratique bien des projets de développement économique ont déjà été envisagés dans le passé. Le projet de la ZOFI (zone franche d’Inga) et celui de « foyers de développement » des années 88 et 92 élaboré par le B.E.A.U (bureau d’étude d’aménagement urbain) présentaient des intentions de développement quasi similaires à celles du projet de ZES. Ces projets avaient respectivement pour finalités ; d’accroitre la production de l’énergie électrique pour accroitre les recettes d’exportation des matières premières et d’opérer une transformation du monde agricole congolais en vue d’une indépendance alimentaire. Quoi qu’ils étaient mono sectoriels, de sorte qu’ils envisageaient un développement économique assis sur un seul secteur d’activité, le software (une gamme d’incitations fiscales) et le hardware (mise à disposition des espaces destinés à accueillir ces projets) sont des points de rapprochements avec le nouveau projet de zones économiques spéciales.
Les enjeux environnementaux du moment et le fait que les projets cités ci-haut n’aient pas abouti nous ont conduits à aligner la nouvelle politique de ZES dans une suite des préalables nécessaires à la réussite de cette politique en RDC :
- Les infrastructures de base dans la zone ;
- Les politiques incitatives bien encadrées ;
- Une localisation géographique de la zone économique spéciale par nature d’activité qui va s’y exercer ;
- Le portage politique,
- Le partenariat gagnant-gagnant-gagnant
- le développement d’une économie circulaire au sein des zones économiques spéciales ;
- la création des zones économiques de réinvestissement.
La libre exploitation des ressources naturelles épuisables et non épuisables sera au cœur de la politique de zones économiques spéciales et pose un problème de durabilité de manière à être moins bénéfique aux générations de nos enfants. Le risque pour les ressources épuisables de laisser des lits d’érosions et entrainer un exode rural massif, comme cela s’est déjà produit dans les provinces des Kasaï est pressent .Même la présence des ressources renouvelables dans le secteur agricole ne garantit pas la durabilité. Dans le cas d’exploitation extrême cela peut aboutir à l’extinction de certaines espèces cultivées.
L’équilibre à établir entre les bénéfices attendus de cette politique de ZES et les risques d’extinction des ressources sans être bénéfiques aux générations de nos enfants (problème de durabilité) se situe dans la création des zones économiques de réinvestissement et le développement d’une économie circulaire au sein de ces zones.
Auteur : Christian Mapendo Masumbuko
Né en 1990, Christian Mapendo Masumbuko est un énarque de la République Démocratique du Congo. Représentant du F.E.R.A.M en RDC et Membre du cercle de l’union interalliée à Paris, il est consultant en politique de zones économiques spéciales. Ses récentes recherches portent sur le développement durable et sur la dédollarisation de l’économie congolaise. En 2014, il a participé au projet TAXE EN RDC financé par le DFID et au projet Cleaning up Kinshasa, un projet de nettoyage et de recyclage des déchets plastiques à Kinshasa financé par P.S.I. Il est détenteur d’un diplôme de licence en économie monétaire et travaille actuellement au sein de l’administration publique de son pays.